Capteur #211

L’IA encore. On n’a pas fini d’en causer dans les chaumières. Et du coup, quel futur pour la photo ?
Une émission qui aborde le dessous des images, et puis aussi des photos, en couleur. Et le tout nouveau quiz !

Photo noir et blanc d'un ciel strié de trace d'avions, et quelques nuages fins.
géométrie dans l’espace – cc by-sa manu’pintor – sept.22

Oui, c’est pas demain la veille qu’on n’aura fini de parler de l’IA, ne serait-ce quand dans le domaine si restreint de la photographie, parce que sinon, globalement, c’est encore plus impactant, mais c’est un autre sujet.

Quel que soit le sujet, l’IA a besoin d’énormément de données pour son “apprentissage”, on va dire comme ça. Le fameux big data.
Pour la photo, les IA s’appuient sur les stocks en ligne, que ceux-ci leur appartiennent, souvent gracieusement cédés par leurs “utilisateurs”, ou non. Bon, on sait que si on met quelque chose en ligne, n’importe qui peut se servir pour faire ce qu’il en voudra, y compris les grandes entreprises du numérique.
Autorisé, par autorisé, légal, illégal, assez peu s’en soucient.

Un peu comme si, à la terrasse d’un café, je formulais une idée géniale lors d’une discussion (mais si c’est possible !) et que cette idée tombe dans l’oreille d’un⋅e quidam⋅e qui l’exploite et fait fortune avec. C’est la vie, on dira.

Là où ça devient embêtant, c’est si mon idée géniale je l’écris pour moi sans en causer et la mets au coffre, mais que la banque l’utilise à son compte (si je puis m’exprimer ainsi) alors que je ne m’y attends pas, faute d’avoir été informé d’un changement de règles dans ladite banque…

Dernièrement, c’est Adobe et son produit commercial “Creative Cloud”, sans doute utilisé par quelques centaines de milliers sinon des millions de clients, qui serait pris la main dans le sac [En].

En résumé, Adobe aurait apparemment changé les conditions d’utilisation de ses produits, sans trop le clamer haut et fort, notamment le volet “vie privée et données personnelles” en passant en option acceptée par défaut l’acceptation que les contenus du compte de l’utilisateur⋅rice soient analysés par Adobe pour l’amélioration du produit et des “objectifs de développement”. 😆

Copy d'écran du volet

Et Adobe d’indiquer que “les informations obtenues par l’analyse de contenu ne seront pas utilisées pour recréer votre contenu ni pour identifier des informations personnelles.

Ah ben alors tout va bien ! Aucune raison de perdre confiance dans l’entreprise ! 😆
Je t’en prie Adobe, vas-y sers toi dans mes photos privées, ou dans les photos qui sont mon gagne-pain (pour qui en fait profession), d’ailleurs sans tes magnifiques logiciels que deviendrais-je ?

Le piquant de l’affaire, c’est qu’apparemment, la fuite de ce scandale viendrait d’un projet Open Source (comme souvent… que des aigris ces extrémistes de l’Open Source !), en l’occurrence krita concurrent de gimp.
Et sinon, pour les photos ce sera peut-être le déclencheur d’une vague de nouveaux utilisateurs de darktable, comme régulièrement à chaque coup bas d’Adobe.

Et si cette (r)évolution de la production d’images, de photographies que l’IA ne manquera sans doute pas de transformer plutôt plus que moins d’ici peu, n’était aussi le déclencheur de nouvelles formes de production, sinon d’un renouveau photographique plus “conventionnel” ?

Par exemple tiens, un essor encore plus important de la photographique argentique ?

Il y a des signes comme la montée des prix de l’occasion des boîtiers argentiques. Et même si, après Canon en 2018, Nikon a dernièrement stoppé la production de ces boîtiers argentiques F6, on voit que Pentax s’y remettrait. Reste que le film, noir et blanc ou couleur est à un tarif plus du tout pour toutes les bourses, comme antan.
Alors quoi, on fera des images gratuitement avec l’IA et il faudra être suffisamment riche pour créer soi-même avec des méthodes anciennes ?

Des idées à partager sur cette question du futur de la photographie ?

William Christenberry, tu connais ?

À la base, Christenberry n’est pas particulièrement photographe, plutôt plasticien, dessinateur et peintre. Mais il utilise la photographie couleur avec, au début, un Kodak Brownie, sans doute un des plus gros best-sellers de tous les temps, l’appareil amateur par excellence, qui sera peut-être détrôné plus tard par l’instamatic.
Qui plus est, il ne s’intéresse absolument pas à la chambre noire, faisant développer ses photos chez le photographe du coin.

Parce que pour lui, et jusqu’à ce qu’on lui fasse comprendre que ce qu’il faisait était sûrement plus qu’une documentation iconographique de son Sud des États-Unis, l’Alabama, la photographie est surtout le moyen de fixer des visuels, parfois de manière très répétitive des mêmes sujets à différents moments.

Il reste largement inconnu du public. Howard Fox, conservateur de l’art moderne et contemporain, Los Angeles County Museum of Art dit de lui :

C’est le génie de William Christenberry de susciter des émotions et des significations intensément évocatrices à partir d’éléments communs, voire humbles, du monde…

Photo en couleurs passées présentant la façade désolée d'une épicerie locale avec deux pompes à essence à Emelle en Alabama dans les années 50-60.
Country Store with Gasoline Pumps – Emelle Alabama – photo William Christenberry

Et pour aller avec les photos de Christenberry, Alabama de Neil Young dans l’album Harvest de 1972… Évidemment.

Une toute récente découverte sur Arte.

Sonia Devillers raconte avec passion l’histoire d’une photo, d’une image. De sa construction à son impact sur notre vision du monde, comment expliquer sa viralité et ses pouvoirs ? Le magazine “Le dessous des images” propose une interprétation qui nous apprend à voir au-delà du premier regard.

Une initiative récente, mais déjà près de 20 images/photos décortiquées.

Ça se passe donc par là, et pour chaque photo ou image (on a même l’analyse d’une image réalisée par IA et primée !!!), l’auteur s’exprime, ainsi qu’un⋅e expert⋅e.
On est d’accord, en 11-12 minutes, il y a parfois des raccourcis, mais pour ce que j’en ai vu pour le moment, il y a à chaque fois des choses intéressantes à écouter, et voir. 🙂

Qui a dit ?

Nouveau dans les capteurs, après l’arrêt des quiz ciné/photo : une citation d’un⋅e photographe dont il faut trouver l’auteur⋅rice…

Le monde ne mourra pas par manque de merveille mais uniquement par manque d’émerveillement.

Indice : un photographe dont j’ai pas mal causé ces derniers temps… Vos réponses dans les commentaires ci-dessous.

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3 commentaires sur “Capteur #211

  1. Marie-Paule says:

    Merci Manu de m’avoir fait découvrir « Le dessous des images » sur Arte.

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